[EM] Condorcet's Words
Markus Schulze
markus.schulze at alumni.tu-berlin.de
Fri Jan 17 14:19:48 PST 2003
Dear Stephane,
in so far as you are the unique French speaking person in
this mailing list, I would like to ask you how you interpret
Condorcet's proposal for more than 3 candidates. Condorcet
wrote ("Essai sur l'application de l'analyse a la probabilité
des décisions rendues à la pluralité des voix," Imprimerie
Royale, Paris, pp. 125-128, 1785):
Si on veut appliquer ce que nous venons de dire au cas
où il y a un nombre n de Candidats, on pourra suivre les
règles suivantes: 1.° tous les avis possibles, & qui
n'impliquent pas contradiction, se réduisent à indiquer
l'ordre de mérite que l'on juge avoir lieu entre les
Candidats. Par exemple, les six avis ci-dessus se
réduisent aux six combinaisons (1) A, B, C; (2) A, C, B;
(4) C, A, B; (5) B, A, C; (7) B, C, A; (8) C, B, A, que
nous marquons ici des mêmes numéros que les avis qui y
répondent (voyez page 120), & qui indiquent les différens
ordres, suivant lesquels A, B, C peuvent êtres rangés.
Donc pour n Candidats, on aura n*(n-1)*...*2 avis possibles;
2.° Chaque Votant ayant donné ainsi son avis, en indiquant
l'ordre de valeur des Candidats, si on les compare deux à
deux, on aura dans chaque avis n*(n-1)/2 propositions à
considérer séparément. Prenant le nombre de chaque fois
que chacune est comprise dans l'avis d'un des q Votans,
on aura le nombre de voix qui adoptent chaque proposition;
3.° on formera un avis des n*(n-1)/2 propositions qui
réunissent le plus de voix. Si cet avis est du nombre
des n*(n-1)*...*2 avis possibles, on regardera comme élu
le Sujet à qui cet avis accorde la préférence. Si cet
avis est du nombre de 2^(n*(n-1)/2)-n*(n-1)*...*2 avis
impossibles, alors on écartera de cet avis impossible
successivement les propositions qui ont une moindre
pluralité, & l'on adoptera l'avis résultant de celles
qui restent; 4.° dans le cas où l'on ne sera pas obligé
d'élire, & où l'on pourra différer, on examinera la
probabilité des avis réunis qui donnent la préférence
à A, à B, à C, &c. & on n'admettra l'élection que
lorsqu'il résulte en faveur d'un des Candidats une
probabilité plus grande que 1/2; ce qui ne peut avoir
lieu dans le cas où le résultat des voix conduit à un
des 2^(n*(n-1)/2)-n*(n-1)*...*2 avis absurdes, & n'a
lieu dans le cas des n*(n-1)*...*2 autres avis, que
lorsque chacune des n-1 propositions A > B, A > C, &c.
qui forment essentiellement l'avis en faveur de A, par
exemple, sont celles qui réunissent le plus de voix;
il y a cependant une très-grande différence entre ce
cas & celui d'un avis impossible. Dans ce dernier cas,
on est obligé d'admettre une proposition qui a réellement
la pluralité contr'elle, ce qui n'a pas lieu ici: ainsi
lorsqu'il y a des inconvéniens à différer l'élection, on
peut admettre l'avis possible, pris comme nous l'avons
exposé ci-dessus; au lieu qu'il faut une véritable
nécessité d'élire pour adopter l'avis lorsque les
propositions qui le forment impliquent contradiction;
5.° on ne peut choisir une méthode plus simple.
Supposons en effet pour trois Candidats, qu'on se borne
à demander si A > B, si A > C, & qu'il en résulte une
votation positive en faveur des deux énoncés, on aura
à la vérité une décision conforme à celle que nous
avons montré ci-dessus qu'il falloit choisir, pages
123 & suiv. Si on a une votation positive pour la
première proposition, négative pour la seconde, alors
on ne sera pas en droit d'en conclure en faveur de C,
comme ces deux propositions paroissent l'indiquer,
puisque nous avons vu que, dans le même cas, la
décision peut être en faveur de A, si on décide que
B > C, & que des trois propositions A < C soit la
moins probable; en faveur de B, si de trois propositions
A > B est la moins probable; en faveur de C, si des
trois propositions B > C est la moins probable, ou dans
le cas de la votations en faveur de C > B, cas qui est
compris dans celui où B > C est supposée la moins
probable des trois propositions. De plus, il est
évident qu'en admettant cette méthode, on auroit des
résultats différens, suivant qu'on commenceroit à
délibérer sur la suite des propositions A > B, A > C
... ou B > A, B > C, ou C > A, C > B; 6.° il est
nécessaire de connoître le nombre des Candidats, &
toute élection exige nécessairement que par une
première votation on ait décidé sur la capacité des
Candidats, dans le cas où l'avis seroit adopté, même
s'il n'étoit pas formé des n-1 propositions qui ont
la pluralité; 7.° si le nombre des Votans est très-grand,
& la probabilité de l'avis de chacun très-peu au-dessus
de 1/2, il devient très-difficile, à proportion que le
nombre des Candidats est plus grand, d'obtenir une
décision qui ait un degré de probabilité au-dessus de
1/2. Ainsi on ne doit confier à une grande assemblée
le choix qu'entre des Candidats qui ont été d'ailleurs
jugés très-capables, avec une probabilité très-grande,
ou bien le droit de présenter à une assemblée moins
nombreuse & plus éclairée un certain nombre de
Candidats. En général toute élection faite par un
grand nombre d'hommes, conduit à une très-petite
probabilité que l'on a choisi le meilleur.
Markus Schulze
----
For more information about this list (subscribe, unsubscribe, FAQ, etc),
please see http://www.eskimo.com/~robla/em
More information about the Election-Methods
mailing list